Le chauffage étant le premier poste de consommation d'énergie dans l'habitat, il convient de le maîtriser au plus près possible de ses besoins. Dans ce contexte, la réglementation impose l'individualisation des frais de chauffage, qui concerne presque 5 millions de logements et permet à de nombreux foyers de garder un œil sur leur consommation, selon le principe "chacun paie ce qu'il consomme". Celle-ci s'effectue via des répartiteurs ou des compteurs thermiques. Explications.
Qu'est-ce qu'un compteur thermique ?
Les compteurs thermiques comprennent deux catégories d'appareils permettant de collecter les données de chauffage des logements en habitat collectif, à savoir, les Répartiteurs des Frais de Chauffage (RFC) et les Compteurs d'Énergie Thermique (CET), qui doivent être installés suivant le type de distribution du chauffage.
Les Répartiteurs des Frais de Chauffage doivent être installés lorsque le chauffage collectif est distribué verticalement (via des colonnes montantes). Ces appareils de mesure et de calcul, sont apposés sur les émetteurs de chaleur (radiateurs) et capables d'en mesurer la consommation. Ces derniers intègrent, dans le temps, la différence de température entre la surface de l'émetteur en un point précis et la température ambiante.
Les RFC peuvent être de deux types :
- Électroniques : ils fonctionnent généralement avec deux sondes (bi-sonde). L'une est située aux 3/4 hauts, à l'arrière du corps de chauffe, et capte la température du radiateur alors que la seconde, en face avant, collecte celle de la pièce. Le microcontrôleur génère des index, en fonction de l'émission de chaleur du radiateur, qui reflètent précisément la quote-part d'énergie émise par chaque radiateur dans un immeuble à chauffage collectif.
- Évaporatifs : l'évaporation lente d'un liquide spécifique dans des tubes gradués reflète l'émission de chaleur du radiateur. Cette technologie est progressivement délaissée au profit du RFC électronique à radio, qui dispense de pénétrer dans les logements pour effectuer la relève des index.
Quant aux Compteurs d'Énergie Thermique (compteurs de calories ou compteurs de chaleur), ils concernent les installations de chauffage collectif alimentées par une boucle horizontale (soit environ 10% des logements en France). L'individualisation des frais de chauffage se fait via un dispositif unique par appartement, installé dans la gaine technique (gaine palière ou gaine logement), sur le retour du circuit qui alimente l'appartement. Ses sondes permettent au CET d'exprimer les mesures en kWh.
>> Lisez aussi : kVA, kW : quelle différence & comment convertir watt et ampère
À quoi sert l'individualisation des frais de chauffage ?
Chaque habitant d'un immeuble avec chauffage collectif doit pouvoir régler la température suivant ses besoins et son confort. L'emplacement de l'appartement (face nord, premier ou dernier étage, au-dessus des caves...) ou l'isolation thermique de chaque logement font que les besoins ne sont pas les mêmes, amenant à une consommation différente.
La réglementation évolue donc pour répondre à un besoin d'équité, via la LTECV (Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte), et impose que tous les bâtiments équipés en chauffage collectif soient dotés d'un dispositif d'individualisation des frais de chauffage, permettant à chaque habitant de maîtriser sa consommation réelle d'énergie.
>> Les compteurs calorifiques et les répartiteurs des frais de chauffage permettent donc de déterminer la consommation de tous les radiateurs d'un immeuble, afin d'établir une répartition des charges de chauffage collectif suivant la consommation de chaque logement.
Comment fonctionne un répartiteur des frais de chauffage ?
Installés sur chaque radiateur d'un logement, les RFC effectuent des mesures à intervalles réguliers et rapprochés (toutes les 4 à 6 minutes, environ). Le compteur se met à tourner lorsque la température du radiateur est plus chaude que celle de la pièce, ou lorsqu'elle dépasse ≃23°C et que la différence avec celle de la pièce atteint ≃ 4,5°C.
La présence d'un afficheur digital permet de suivre l'évolution de la consommation, exprimée en Unités de Chauffe, mais également de faciliter les états des lieux à l'occasion de ventes ou de changements de locataires. Enfin, la valeur utilisée pour la consommation tient compte de la puissance du radiateur, dans des conditions précisément définies selon la norme européenne EN442, qui l'explicite avec la formule : P = K x ∆Tn.
Avec, comme paramètres fixes :
- P, la puissance du radiateur, en Watts,
- K, une constante,
- n, la pente d'émission du radiateur.
Et ∆T comme variable, indiquant la différence entre la température moyenne du caloporteur traversant le radiateur et la température ambiante de la pièce. La mesure des données de cette variable et la prise en compte des données fixes permet d'évaluer la puissance des radiateurs.
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L'ensemble des mesures cumulées dans le temps permet d'évaluer la quantité de chaleur, selon la formule : Energie (kW/h) = Puissance (kWatts) × temps (heures). Le RFC répartit ainsi la quantité de la chaleur émise par les surfaces radiantes en mesurant des différences de températures, générant plusieurs dizaines de milliers de mesures pour une saison de chauffe de cinq à six mois. La somme de ces différences de températures (∆T) permet d'établir un index traduisant l'émission de chaleur des radiateurs, en fonction de la température de la pièce.
Comment se fait la répartition ?
La consommation générale est collectée dans un concentrateur chargé de sauvegarder les données de consommation, et relevée par radio-relevé ou télé-relevé, à l'extérieur du logement. Celui-ci doit, en effet, pouvoir être effectué sans besoin de pénétrer dans les locaux privatifs, selon l'article R241-7 du Code de l'Énergie. Si besoin, des répéteurs de signal sont installés entre les répartiteurs et le concentrateur, notamment dans les grands ensembles.
Ce relevé permet aux professionnels du comptage de fournir :
- Un décompte de la consommation pour chaque logement,
- Une comparaison par rapport aux années précédentes.
Le télé-relevé tend à remplacer le relevé sur site.
Le dispositif est remis à zéro chaque année, après le relevé. Comme l'indique 60 Millions de Consommateurs, la facture des frais de chauffage n'est pas individualisée à 100%. Des frais correspondant au fonctionnement et à l'entretien de la chaudière, ou à l'abonnement au chauffage urbain sont répartis selon les règles applicables dans l'immeuble.
Les frais de combustible ou d'énergie sont ensuite ventilés à raison de :
- 30% de frais communs ;
- 70%, suivant les consommations mesurées.
Enfin, des coefficients relatifs à des "situations ou configurations thermiquement défavorables" peuvent s'appliquer pour réduire la facture des appartements les moins bien situés.
Installés en faveur de la transition énergétique et de la maîtrise de la consommation, les compteurs thermiques sont des dispositifs innovants et complexes, capables de déterminer la consommation des logements en matière de chauffage. Rendus obligatoires dans une majorité d'ensembles immobiliers, ces derniers assurent un suivi équitable et une facture maîtrisée pour les habitants des logements collectifs.
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Références :
- 60 Millions de Consommateurs
- Rexel France - "La répartition des frais de chauffage dans les immeubles collectifs"
- Ista.com
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